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28 août 2014

Nous devons avoir un engagement d'élargir la portée des discussions sur le commerce

Traduit d'un article soumis par Joseph Maloney et publié par le Charlottetown Guardian le 28 août 2014

par Joseph Maloney, vice-président international pour le Canada

Je vais vous parler d'un soudeur par pression de l'Î-P-É qui veut aller travailler en Alberta pour illustrer ce qu'il y a de mauvais dans le commerce interne du Canada.

Les soudeurs par pression sont des travailleurs hautement qualifiés qui érigent des réservoirs et d'autres types de cuves qui seront utilisés sous pression. Ils peuvent servir à entreposer du gaz naturel liquéfié, à tuyauter la vapeur dans une raffinerie ou à entreposer des produits chimiques nocifs dans des usines industrielles.

La formation des soudeurs par pression est semblable à travers le pays. Vous seriez porté à croire qu'il serait donc facile pour un soudeur de l'Î-P-É de travailler en Alberta. Vous auriez tort.

Premièrement, les soudeurs avec un permis de pression B de l'Alberta jouissent d'une embauche préférentielle. Tous les autres doivent soumettre des lettres de leurs employeurs signalant qu'ils ont 6 750 heures d'expérience en soudage et ensuite aller passer un test à Edmonton ou Calgary.

L'environnement règlementaire est tellement complexe que le centre de formation de notre syndicat en Alberta a dû publier un organigramme de deux pages pour aider les soudeurs potentiels à s'assurer de posséder les permis requis pour postuler du travail pour lequel ils sont déjà qualifiés.

La demande de travailleurs qualifiés en Alberta est telle que notre syndicat - le plus important fournisseur de chaudronniers à l'industrie canadienne - verse jusqu'à 110$ par jour pour aider à défrayer les frais d'hébergement des postulants. Toutefois, ceux-ci doivent de plus débourser 172$ à l'Alberta Boilers Safety Association pour ce qu'elle qualifie de « frais de réciprocité. »

C'est ce genre de barrière règlementaire que les provinces et le gouvernement fédéral doivent tenter d'éliminer lors de leur rencontre à Charlottetown cette semaine pour discuter du commerce interprovincial. Un document de discussion longuement attendu a finalement été publié par Industrie Canada, juste en temps pour cette rencontre. Ce document suggère deux alternatives possibles d'action : corriger et harmoniser les règlements existants ou les rejeter entièrement et proscrire toute barrière au commerce à moins qu'ils soient exemptés de la nouvelle entente sur le commerce interne que les gouvernements espèrent voir surgir de ces pourparlers.

Il y de très bonnes raisons pour une règlementation provinciale régissant notre métier. Les projets dans notre industrie doivent être effectués avec un niveau très élevé de sécurité. Nous ne voulons pas avoir une fuite dans un réservoir pressurisé de gaz naturel. L'élimination de toutes les barrières au commerce d'un seul coup n'est peut-être pas la meilleure approche dans un tel cas.

C'est pour cette raison que nous devons avoir plus de personnes à la table lors des discussions sur le commerce interprovincial. Les représentants de chaque niveau de gouvernement ont sans doute à cœur les meilleurs intérêts de leurs populations. Mais lorsque l'on aborde les détails, beaucoup plus d'intervenants doivent être impliqués pour démêler l'imbroglio règlementaire.

Le document de discussion d'Industrie Canada mentionne l'élimination des différences dans les programmes d'apprentissage provinciaux, mais ceci n'aidera en rien notre soudeur de l'Î-P-É qui veut travailler et qui a besoin d'un permis de pression B de l'Alberta. Bien sûr que l'harmonisation des programmes d'apprentissage serait un bon début mais il y a d'innombrables autres barrières règlementaires outre les différences dans les programmes d'apprentissage.

L'examen et l'harmonisation des règlements prendra du temps, mais de simplement les éliminer ou les ignorer n'es pas la réponse. Comment pouvons-nous alors confronter les problèmes qui touchent les métiers spécialisés comme le nôtre?

La réponse est d'impliquer les personnes qui utilisent les outils. Dans notre industrie, il y a une tradition de coopérations entre l'industrie et les syndicats pour régler des problèmes qui surgissent à cause de failles méthodologiques ou procédurales. De fait, nous rencontrons régulièrement les compagnies qui embauchent nos membres pour trouver des façons de faciliter l'exécution des travaux que nous entreprenons. Lorsqu'il s'agit de règlementation, nous invitons le gouvernement à se joindre à nos discussions.

Ce modèle tripartite fonctionne très bien dans notre industrie et pourrait être un modèle pour les discussions de table ronde qui seront requises pour traiter des détails de l'élimination de barrières internes au commerce du Canada.

Je demande aux représentants gouvernementaux qui se rencontrent à Charlottetown cette semaine d'élargir la portée de leurs discussions commerciales. Les entraves au commerce interprovincial touchent tout le monde pas seulement les capitaines de l'industrie et les ministres gouvernementaux. Proposez un plan qui implique tous les intervenants dans l'élimination des barrières commerciales.