L’article suivant a été publié dans The Province (Vancouver) le 22 avril 2018
Par Joseph Maloney
Le Premier ministre John Horgan aurait-il tendu une branche d’olivier pour résoudre le conflit de plus en plus amer entre la C-B, l’Alberta et le gouvernement fédéral au sujet du doublage du pipeline Trans-Mountain?
Bien que la proposition de Horgan ne soit qu’un faible début, elle nous permet au moins de voir un rayon de lumière au bout du pipeline.
Au cours des dernières semaines, Horgan s’est retourné vers le passé pour réanimer une vielle position traditionnellement au centre de la philosophie économique du NPD à savoir une plus grande transformation de nos ressources naturelles avant de les exporter, aidant ainsi à la croissance économique canadienne et à la création d’emplois.
L’idée de Horgan est de raffiner le bitume des sables bitumineux afin de les exporter de la Colombie-Britannique en produits finis comme l’essence, le carburant diesel ou d’aviation, de pétrole léger entre autres. La logique derrière cette proposition serait de résoudre l’objection majeure soulevée par la C-B face au transport du bitume dilué dans ses eaux côtières.
Tandis que le bitume dilué est lourd, les produits raffinés sont beaucoup plus légers. Dans le cas d’un déversement dans l’océan, les produits raffinés sont beaucoup plus facile à nettoyer parce qu’ils sont plus légers et flottent à la surface. Le bitume dilué coule au fond causant beaucoup plus de dommages à l’écosystème marin.
Le rôle du secteur privé
Le secteur privé a déjà commencé à promouvoir cette alternative. La raffinerie Sturgeon présentement en construction en Alberta transformera le bitume des sables bitumineux en carburant diesel qui sera l’un des plus propres au monde. L’empreinte de carbone du carburant sera de beaucoup réduite grâce à une immense usine de capture de carbone construite comme partie intégrale de la raffinerie.
Des entreprises de la C-B ont-elles-mêmes proposé deux nouvelles raffineries qui produirait du pétrole plus propre que ce qui existe pratiquement partout ailleurs. Pacific Future Energy propose « des émissions de carbone presque nulles » de sa proposition de raffinerie à Kitimat en utilisant une combinaison de nouvelle technologie et de capture de carbone. Kitimat Clean Ltd affirme que sa nouvelle raffinerie sera « le site de raffinage et de valorisation le plus propre au monde. »
Ensemble, ces trois projets représenteraient des investissements de près de 50$ milliards et créeraient quelques 20 000 emplois en Alberta et en C-B. Leur finalisation permettra au Canada de s’embarquer dans une nouvelle direction de fournir une énergie plus propre, d’ouvrir de nouveaux marchés en Asie et de réduire notre dépendance sur un partenaire américain de plus en plus erratique. Le gouvernement de la C-B a démontré que, malgré son opposition au pipeline Trans-Mountain, il ne s’oppose pas au développement des ressources énergétiques. Le gouvernement fait de son mieux pour maintenir le projet de 6$ milliards de transmission de gaz de Prince Rupert en vie, malgré l’annulation du projet Northwest LNG. Le premier ministre Horgan ne cache pas le fait que la C-B veut avoir des usines de gaz naturel liquéfié ainsi qu’un pipeline de 900 kilomètres pour l’amener à la côte.
N’oublions pas également que le charbon est une des exportations les plus importantes de la C-B avec plus de 36 millions de tonnes exportées en majorité sur les eaux côtières à partir de Vancouver en 2017. Westshore Terminals à Delta est la plus grosse installation d’exportation de charbon en Amérique du Nord.
Diminuer l’impact environnemental
En tant qu’exportateur majeur de carburants fossiles, le Canada a un rôle important à mitiger le dommage environnemental causé par ces produites. Avec les États-Unis abdiquant leurs responsabilités face aux changements climatiques, il est encore plus important pour le Canada d’agir. Mais une action efficace ne signifie pas de laisser le pétrole dans la terre.
Bien que les véhicules électriques puissent aider à réduire la pollution atmosphérique, il faudra beaucoup de temps avant qu’ils remplacent les moteurs à essence. Même alors, nous auront besoin de routes pour les conduire, des lubrifiants pour les entretenir et des pièces de plastique pour les construire. Tous ces produits requièrent du pétrole et beaucoup plus que les gens s’imaginent. Malgré tous les efforts pour diminuer son utilisation, le pétrole fera partie de notre avenir pour des décennies.
Dans ce contexte, il importe que le Canada assume son rôle de leader pour diminuer le montant de carbone relâché lors de la production de carburants fossiles. Si nous ne le faisons pas, nous laissons le champ libre à ceux qui ne partagent pas ces préoccupations.
La solution à long terme intimée par le premier ministre Horgan dans la controverse du pipeline offre une lueur d’espoir à mettre un terme à la bataille destructive du doublage du pipeline Trans-Mountain. Espérons que nos leaders politiques l’endossent et montrent le chemin vers un avenir énergétique plus soutenable.
Joseph Maloney est le vice-président international pour le Canada du syndicat des Chaudronniers, un métier spécialisé important dans la construction et l’entretien des installations de transformation et de raffinage de l’industrie de l’énergie.