Voulez-vous vraiment utiliser du pétrole russe au lieu du canadien?

Le pétrolier Nordtulip a complété récemment un voyage en provenance de Vladivostok pour livrer du pétrole russe à des raffineries du nord-ouest du Pacifique. Une partie des produits raffinés de ce pétrole se retrouve dans les réservoirs des automobilistes de la CB.

Ce qui suit a été publié dans The Province, Vancouver, 13 sept.

Par Joseph Maloney

Au début d’août, trois pétroliers avec une capacité combinée de près de 2 millions de barils de pétrole se préparaient à passer dans le passage Juan de Fuca vers des raffineries dans l’état de Washington. Deux de ces navires étaient américains en provenance de l’Alaska. Le troisième, le Nordtulip, sous pavillon portugais, livrait du pétrole russe en provenance de Vladivostok.

Nous nous demandons pourquoi du pétrole russe alimente les raffineries de nos voisins du nord-ouest du Pacifique.

Vous pouvez aussi vous demander pourquoi du pétrole russe aide à alimenter votre voiture en Colombie-Britannique?

Permettez-moi de répéter : pourquoi le pétrole russe aliment-t-il les automobiles de la Colombie-Britannique?

La production de l’Alaska est en déclin. D’immenses pétroliers continuent de se diriger vers les raffineries de Washington, mais la quantité de pétrole livré baisse. Ce recul doit être comblé, car malgré les véhicules électriques, on prévoit une augmentation de la demande pour le pétrole à chaque année jusqu’en 2040.

Si vous êtes propriétaire d’une raffinerie dans le nord-ouest du Pacifique, le pétrole russe est un substitut pour la baisse de l’Alaska. On ne peut malheureusement pas dire la même chose pour le pétrole canadien. Même s’il provient à des milliers de kilomètres plus près, les pipelines opèrent à pleine capacité et le transport par train de l’Alberta ou du Dakota du Nord présente ses problèmes particuliers.

Donc pourquoi ne pas utiliser le pétrole russe? Nous savons tous que le pétrole russe est extrait selon les normes environnementales les plus strictes, que les travailleurs russes travaillent dans les meilleures conditions de travail et que les peuples autochtones sont consultés à chaque fois que des travaux affectent leur environnement. Et n’oublions pas Vladimir Putin, ce grand défenseur de la démocratie et des doits de la personne. Comme le dirait mon petit fils : « Non ».

Lorsque nous cessons de rêver, nous savons que nous préférons acheter le pétrole du Canada au lieu de la Russie. Je ne crois pas que les Canadiens, s’ils en ont le choix, préféreraient le pétrole d’une dictature brutale à des milliers de kilomètres au lieu d’une province voisine.

Les raffineries de l’état de Washington qui fournissent de l’essence à la CB veulent aussi du pétrole canadien. À Anacorte, ou le Nordtulip s’est amarré suite à son voyage d’un mois de Vladivostok, les deux raffineries reçoivent une partie de leur pétrole du pipeline Trans Mountain. La raffinerie Andeavour s’est engagée à utilisé le pétrole de l’Alberta au cours des 10-15 prochaines années si seulement elle pouvait en recevoir davantage.

Mais avant de pouvoir le recevoir, l’extension du Trans Mountain doit être construit. Là est le problème.
Le Canada doit être le seul pays au monde où une minorité vocale de citoyens conteste l’utilisation de leur ressource naturelle la plus importante pour soutenir un des plus haut niveau de vie au monde, le meilleur système de santé, les pensions, l’éducation et autres retombées trop nombreuses pour énumérer ici.

Est-ce que le pétrole canadien contribue à l’émission de gaz à effet de serre? Bien sûr que oui.

Est-ce une raison pour que l’on laisse à d’autres pays – dont plusieurs sont des autocraties totalitaires – de combler une demande qui va exister que l’on aide à y contribuer ou pas.

Le pétrole canadien devient de plus en plus propre : un baril de pétrole en provenance des sables bitumineux se compare favorablement avec la moyenne mondiale. Les progrès technologiques continuent de réduire les émissions de gaz à effet de serre impliqués dans sa production.

Le transport du pétrole canadien au lieu du russe est évident. Si les émissions dues au transport vous inquiètent, un pipeline a le dessus sur un pétrolier à tous les jours de la semaine. N’oublions pas que les fuites du pipeline Trans Mountain au cours des dernières décennies n’approchent nullement du total des décharges accidentelles annuelles du transport maritime commercial dans le Détroit Juan de Fuca.

Plus important encore, le Canada est une démocratie. Nous avons un processus, bien qu’imparfait, donne une voix aux communautés et aux Premières Nations. Nous avons des protections légales pour les travailleurs qui profitent à des centaines de milliers dans l’industrie et de millions dans nos communautés. La Russie, l’Arabie Saoudite et le Nigéria (trois pays de qui le Canada achète du pétrole) ne semblent pas considérer de tels choses.

Pourquoi appuyons-nous des régimes corrompus et dictatoriaux en Arabie Saoudite et en Russie en achetant leur pétrole au lieu d’appuyer les Canadiens qui partagent nos valeurs et contribuent à notre prospérité?

Face aux défis qui nous confrontent internationalement, il est temps de se tenir debout pour notre pays. Nous devrons prendre des décisions difficiles, dont l’une est l’expansion du pipeline Trans Mountain. Je sais où je me situe dans ce dossier et je suis certains qu’une majorité de mes concitoyens canadiens le savent également.